Manon Prigent, Le grand feu, 2022, 27’45’’

Cuisson dans un four Noborigama.

Près de La Borne, un village qui rassemble près de quatre-vingt potiers, Caroline Iltis Nussbaumer réalise des pots et des amphores en grès et les cuit dans son four à bois de type noborigama. Ces fours japonais sont construits sur un plan incliné pour améliorer le tirage et permettent de cuire de grandes quantités de poterie à haute température. Ils sont construits en brique réfractaire et recouverts de torchis. Le sien s’étend sur une dizaine de mètres et ses 9m2 abritent trois chambres, chacune étant destinée à un certain type d’objets, car la quantité de bois brûlée diffère dans chacune d’entre elles. Cette technique de cuisson colore les céramiques de manière aléatoire : chaque face sera différente selon le passage de la flamme et la réception des cendres.

Au rythme de deux fois par an environ, cette cuisson dure généralement une semaine pendant laquelle les équipes de jour et de nuit se relaient pour alimenter la bête. Toutes les cinq minutes, elles nourrissent le feu de bûches d’un mètre, jusqu’à ce que la température atteigne les 1300°C. Ce sont des moments collectifs au cours desquels, au-delà des cuiseurs et des cuiseuses, ami-es et voisin-es accompagnent l’équipage durant cette traversée immobile. Chacun-e entoure le four d’attentions et de sobriquets, aimanté-e par la chaleur et les palabres qui s’en dégagent.

Les pièces présentées dans l’exposition résultent de la troisième cuisson réalisée par Caroline Iltis Nussbaumer et Hélène Bertin, du 7 au 12 mars 2022, à Neuilly-en-Sancerre. Elles ont été accompagnées de près par Hervé Rousseau, et aidées des cuiseurs et cuiseuses  Camille Ferry, Marie Géhin, Bertrand Iltis, François Junot, Chantal Magne et Mélanie Mingues. Pour cette cuisson, dix-huit stères de bois ont été brûlées.

Avec Marie Côte Grumel, Camille Ferry, Marie Géhin, Caroline Iltis Nussbaumer, Bertrand Iltis, Gaspard Iltis, Jules Junot, Jacques Laroussinie, Mélanie Mingues, Chantal Magne et Loetitia Raymond. Merci à Brigitte Patient pour l’aide à la prise de son.