En argot américain, funky signifie « à l’odeur désagréable », un qualificatif adressé comme une insulte raciste aux Afro-Américains. Au cours des années 1950, certains musiciens noirs se le réapproprient (Horace Silver, Opus de Funk, 1953), retournant le stigmate pour désigner un style musical naissant, au carrefour du gospel, du blues, de la soul et du rock. Celui-ci donne la part belle à la section rythmique, aux cuivres et aux motifs syncopés et témoigne du contexte politique et social dans lequel il émerge : les inégalités raciales aux Etats-Unis, l’émergence des Black Panthers et la contestation de la guerre du Vietnam. C’est à cette puissance à la fois esthétique et politique que s’ intéresse Jay Ramier. Pour son exposition au Palais de Tokyo,  il recrée une salle de concert des années 1970, tant pour son décor et ses paillettes que pour ce qu’elle contient : le tragique et la politique qui imprègnent ces musicien·ne·s.