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100 ans plus tard

LE PAVILLON NEUFLIZE OBC
Du 05/06/2014 au 13/07/2014

Avec Lucas Biberson et Guillaume Henry, Sophie Bonnet-Pourpet, Rebecca Digne, Elke Marhöfer et Mikhail Lylov, Sébastien Martinez Barat, Karin Schlageter, Clémence Seilles, Chai Siris, Antonio Vega Macotela, Yonatan Vinitsky & Shuhô. Sur une proposition de Sumiko Oé-Gottini.
Au xve siècle, le shogun Ashikaga Yoshimasa ordonna la construction à Kyoto du Jishô-ji ou Ginkaku-ji (le temple au pavillon d’argent) afin de répondre au Rokuon-ji ou Kinkaku-ji (le temple au pavillon d’or), résidence de son grand-père Ashikaga Yoshimitsu. La guerre d’Onin (1467–1477) interrompit les travaux et le pavillon ne fut jamais recouvert de feuilles d’argent. Échappant ainsi à l’ostentation, le Ginkaku-ji devint un symbole de la sobriété raffinée japonaise. Délaissant les affaires politiques et militaires pour se consacrer à l’étude et aux arts, Ashikaga Yoshimasa se retira dans son pavillon au sein duquel il posa les fondements de la culture traditionnelle japonaise Higashiyama, très influencée par le bouddhisme zen : l’ikebana ou la voie des fleurs, la voie du thé et celle de l’encens, les poésies waka et renga…

En 2013, un autre Pavillon – parisien, celui-là, puisqu’il s’agit du laboratoire de création du Palais de Tokyo – a invité Shuhô, maître d’ikebana et responsable du Ginkaku Jishô-ji Kenshu Dojo, à proposer une série de rencontres en France et au Japon à la croisée des pratiques traditionnelles et des arts contemporains.
L’exposition 100 ans plus tard  résulte de ces échanges de savoirs individuels et collectifs entre Shuhô et les résidents du Pavillon Neuflize OBC, à travers la mise en scène des processus de circulation, de transmission et d’appropriation des éléments d’une culture. Au cours de cet apprentissage, l’ikebana, art basé sur la composition florale, est devenu un territoire commun d’expérimentation au sein duquel ont été testées des procédures réciproques de traduction – entre langues, entre zones géographiques et culturelles, entre époques ou entre pratiques – pour contourner, d’un Pavillon à l’autre, l’approche exotique.
La définition d’un espace, symbolisée par l’importance accordée au vase dans l’ikebana, est devenue l’un des éléments centraux de cette expérience collective. Le vase est l’outil de transition et de négociation entre l’intérieur et l’extérieur, entre les états (solide, liquide, gazeux), entre les éléments de la composition. « Dans l’ikebana, déclare maître Shuhô, quand on contemple une composition, l’intérêt doit se porter sur le mizugiwa [le bord de l’eau]. » L’exposition est un récipient où se reflètent les œuvres exposées – une flaque d’eau où luira encore, cent ans plus tard, le souvenir oublié des gestes, des discours et des objets.