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Bady Dalloul, A country without door or a window, 2016-2019 200 dessins de poche, stylo à bille, marqueur sur papier Bristol, encadrement dans des boîtes à allumettes, 4.1 x 2,7 cm Vue de l’exposition « Notre monde brûle », Palais de Tokyo, Paris (21.02 – 13.09.2020) Crédit photo : Aurélien Mole

Notre monde brûle

En collaboration avec le MATHAF
Du 21/02/2020 au 13/09/2020
L’exposition Notre monde brûle propose un regard engagé sur la création contemporaine depuis le Golfe Persique où les guerres et les tensions diplomatiques n’ont cessé de déterminer l’histoire de ce début de XXIe siècle. Le titre fait explicitement référence aux drames humains que génèrent les conflits successifs dans cette région tout en intégrant de manière plus large les catastrophes écologiques incarnées par les immenses feux de forêt destructeurs de l’Amazonie à la Sibérie en passant par la Californie. Mais le feu n’est pas uniquement l’affirmation d’un péril. De façon ambivalente, il est aussi le symbole du formidable élan démocratique que connait cette même région à travers les Printemps arabes.
De la destruction des trésors irakiens (Michael Rakowitz) au sort des réfugiés syriens (Monira Al Solh) en passant par le financement des Talibans à travers l’exploitation du lapis lazuli en Afghanistan (Asli Cavusoglu), Notre monde brûle présente un maillage complexe d’évènements auxquels les oeuvres d’art se réfèrent tout en offrant de multiples échappées poétiques. L’exposition ouvre d’ailleurs sa réflexion à la problématique de l’Anthropocène (John Akomfrah, Yto Barrada, Raqs Media Collective) et à la question de l’usage des ressources naturelles (Monira Al Qadiri,  Sammy Baloji, Fabrice Hyber) afin de participer au débat sur la nécessité de changer notre rapport exclusivement utilitariste à l’environnement.

Elle affirme justement que les oeuvres ont une puissance d’intervention en prenant position face aux désordres du monde. Le feu revient alors à l’intensité de la création artistique – à l’image des oeuvres qui s’inscrivent dans la lignée des soulèvements populaires du monde arabe (Shirin Neshat, Amal Kenawy, Bady Dalloul) et témoignent d’un profond désir de justice sociale (Mustapha Akrim, Danh Vo, Faraj Daham, Kader Attia). Dans une visée post-coloniale, la démultiplication des récits historiques (Amina Menia, Bouthayna Al Muftha, Wael Shawky, Dominique Hurth) est alors une façon d’affirmer des narrations alternatives et par là même de tracer les prémisses d’une société pluraliste, aux structures moins hiérarchiques et plus horizontales.

Notre monde brûle est une exposition d’Abdellah Karroum, fondateur de l’Appartement 22 à Rabat en 2002, curateur de la Triennale aux côtés d’Okwui Enwezor en 2012, et actuellement directeur du Musée Arabe d’Art moderne et contemporain (MATHAF) à Doha. Fondé en 2010 à partir de la collection privée du Sheikh Hassan Bin Mohamed bin Ali Al Thani, le MATHAF se concentre plus particulièrement sur les pratiques artistiques du Moyen-Orient, d’Afrique du Nord et de sa diaspora en présentant une écriture de l’histoire de l’art polyphonique qui propose une autre lecture que celle déterminée par le point de vue occidental. Engagé dans une approche post-coloniale, le MATHAF insiste sur les échanges culturels et interroge l’héritage artistique du Qatar en lien avec la globalisation. Prônant l’essor de la modernité dans les pays arabes, il développe ses activités dans le domaine éducatif et se veut une institution à la fois localisée et ouverte dans un monde aux multiples centres. Le MATHAF se définit ainsi comme un musée non hégémonique et non normatif qui appelle de « nouvelles relations de pouvoir et des traductions culturelles » dans la lignée de la pensée d’Okwui Enwezor.

Dans le cadre de la saison « Fragmenter le monde », le Palais de Tokyo donne vie à une antenne nomade de la R22 Art Radio, première web radio marocaine dédiée aux pratiques culturelles et artistiques contemporaines.

Créée en 2007 par Abdellah Karroum, directeur du MATHAF (Arab Museum of Modern Art) à Doha et commissaire de l’exposition Notre Monde Brûle avec Fabien Danesi, la R22 Art Radio est vite devenue depuis sa création un lieu virtuel d’échanges, de découvertes, de rencontres et surtout d’engagement. Elle diffuse des interviews d’artistes, des projets sonores, des conférences, des commentaires et entretiens en plusieurs langues (arabe, français, anglais, tamazight, allemand, wolof, espagnol…).

Cette antenne, posée directement dans le hall d’entrée du Palais de Tokyo et accessible à tous, proposera tout au long de la saison une série d’archives réactualisées afin d’entrer en résonance avec les thématiques de l’exposition, ainsi que des nouvelles créations radiophoniques, notamment  Our World is Burning et R22 is Burning. Ces deux émissions, animées par les chercheuses Syma Tariq et Francesca Savoldi, avec la productrice de radio Marie Laurence Cherie, proposeront au public de suivre les différents temps forts de l’exposition mais aussi des approfondissements sur les thèmes et les problématiques qui y sont soulevés.

La plateforme nomade de diffusion, créée comme un îlot d’écoute, a été conçue par le studio smarin dont le design explore souvent différents champs de la création liés à l’usage, à partir de mobiliers-systèmes, comme ici le dispositif Play YET !

Écoutez, réécoutez et suivez le fil de l’exposition.