LE PRINCE NOIR

Un matin de septembre 1989, le « Prince noir » réalise le tour du périphérique parisien en 11 minutes et 4 secondes au guidon de sa moto. Le film qui en résulte montre une course atteignant parfois les 250 km/h, ce qui fit de lui un véritable mythe au sein de la communauté des motards, et déclencha par ailleurs un scandale médiatique.

La moto et le corps de l’homme ne font plus qu’un, transformés en un être hybride et instable à la recherche d’un tutoiement de la limite, alors que la conscience de sa vulnérabilité et la perspective de la mort sont omniprésentes. Cet exploit extrême met en scène et exacerbe une existence « dangereuse » vécue comme une nécessité par toute une communauté : jouer de l’accélération, pratiquer l’hédonisme, contourner la loi, faire du danger une célébration de l’existence, promouvoir un mode de vie qui s’oppose à la convention sociale. Il s’agit ici d’expérimenter la jouissance d’une vitesse qui touche à l’ivresse, mais aussi d’exceller dans la maîtrise d’une situation à la limite de la survie.